Découverte à l'Opéra-Théâtre
Vibrant aux accents de la langue tchèque et emporté par le génie musical de son compositeur, le troisième des neufs opéras de Janáček donne au fait divers surgi du plus profond de la campagne morave la dimension universelle d’une tragédie lyrique. Quand le metteur en scène Pierre Constant le transpose à l’aube de la seconde guerre mondiale, sa prescience devient lumineuse : ponctué du rythme des saisons, des cadences du travail, du chant secret des solitudes, de l’amour blessé et de l’expiation, le drame de la jeune Jenůfa est lié à la rumeur d’une petite communauté rurale figée dans ses codes sociaux et religieux, dont l’histoire violente va être emportée par le fracas des grandes secousses de l’Histoire. Ici, « le destin broie les êtres comme la meule écrase le grain » ; quelques mois plus tard, les armées du Troisième Reich envahissent la Bohême et la Moravie.